Poèmes en hommage à mon père

Publié le par Marin Stéphane

PAS QUESTION…!

 

Hélas, si je m’ennuie…

Moins que la vie…

Mais d’y être assidu.

 

Hélas, si je languis…

J’ai la réponse…

 

Hélas, hélas…

Si je maudis…

Souvenirs des apparences…

L’oubli et l’ignorance.

 

 

FUMIGÈNES

 

Je veux… m’enfermer

Au petit matin enfumé, 

Aux sables roses des nouveau-nés.

Comme il se doit, comme pour moi…

Délivrer à nos âmes, les rares esprits du bois.

 

Avaler d’un seul trait

L’acre suie blanche des éléments.

En souffler la rosée

Au premier déploiement

Et armer de leur voix

Le cœur de tous les vents.

 

Humer la terre

L’eau et le feu.

Le volatile.

M’informer des essences.

Et rendre au dernier-né   

Tout ce qu’elles ont d’utile

 

 

WALKING TREE

 

Du sang donné à la terre

L’arbre s’est avancé

Des racines neuves y ont poussé

Et s’en sont allés boire à nos plaies

 

Ses langues séchées vont rompre

Au jeun des sources profondes

Un sang nouveau déjà

Ruisselle sous table

Où il s’abreuve

Et sur laquelle il trône

 

Le champ de guerre d’où il est né

Ne rend plus aujourd’hui

Que des os de misère

Et les canaux creusés pour lui

Ne charrient plus que leur infâme poussière

 

Nul sillon ne se creuse

A travers l’océan

Mais la cale remplie des bateaux

Contient de précieux éléments

Qui iront dès demain

S’épancher à son pied

 

 

COW-EYED-MEN

 

Mon œil se fige

À la mansarde ouverte

Tout près de l’ombre

Des colonnes d’ascenseurs

Fixant le ciel blanchi

De l’évidoir

À mes trois estomacs

De là, je pisse un lait à douze degrés

Sur l’herbe verte des prés feuilletés

De mes cinquante prairies

De mes champs verticaux

 

Hautes plaines et décimales

 

Regardant passer les avions

Je gratte le cul du ciel

Et je rumine la vie des hommes

En bas

Qui paissent

Enfin

 

PASSE-PORT

 

C’est un six-coups, une arme.

Mitraille sévère

Ou silicieuse

Nul feu n’aura manqué sa cible

Un cœur, un ventre

Parfois une âme

Une cicatrice

 

Qu’a-t-il encore besoin de servir ?

Tant ont été touchés

Dans ces guerres légendaires

D’armes cuivres-tambours et d’aciers fins

Cent milles rafales ont bien été tirées

Lamentos écriés

Vrille-tympan

Et jurons étouffés

 

Les douze esprits-fantômes

Fins cristaux de l’au-dible

En ont porté les mots

À notre connaissance

Codé le sens

Pour les rendre moins amers

Et uni les secondes

 

 

LA NYMPHE EXCÉDÉE

 

Que n’ai-je le tort

D’aimer encore

De ces frises en cascades

Les péchés de velours

Les grands lacs irisés

La nacre méchanceté

 

Sublime évaporée

De ce puissant amour

Pris à la gorge

Que n’ai-je le tort

D’aimer encore

Celle que je n’ai aimée tantôt

L’épure du paysage

Le son des blés

Les parfums secs

De sa chair horizon

 

Que n’ai-je osé

Pour me surprendre

À son mépris

Ou à sa compassion

 

 

CRÉPUSCULE

 

Sur ta joue pâle, rond de sang

Aux monts roses de tes lèvres

Qui s’entrouvrent à la nuit

Un souffle se libère

Et délivre des congères

L’instant de tes yeux

Dans le soleil du soir

 

 

DES PREUVES… !

 

D’entre mes lèvres

Et de derrière mes dents

Dessous, dessus ma langue

Et mon palais en ruine

De mon gosier à sec

Mon oiseau-phage

Des cailloux dans mon estomac

Aucune insignifiance

Ne doit sortir

 

Ni de ta bouche

Ni de nulle part

 

Il est grand temps de murer le silence

De questions seulement

Et d’en attendre les preuves

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article