Poèmes en hommage à mon père

Publié le par Marin Stéphane

OMBRES ET CONTOURS

 

D’aussi loin que je me souvienne,

D’avant que les fluides n’affectent mon innocence,

La vie était douce.

Inodore, inaudible, invisible.

Et jamais, ô grand jamais,

Peur ne m’avait été infligée.

 

Confiés aux lois occultes ;

À l’obscur naissant, je goûtais.

Et pour la première fois, à la trappe ;

Dans les ténèbres où je me rencontrais,

Et où les rats doivent encore craindre ma colère.

 

À ma sixième année,

Aucune magie n’ayant troublé ma vue

Et convié comme chacun sait

Au cirque des illusions,

Je fus témoin du grand miracle.

-« Est-ce vrai ? »

Ai-je demandé.

 

Sur les visages muets,

Des ombres ont traversé les rayons blancs,

D’indices contours sont apparus.

 

 

HORS DES PRISONS

 

Ah…! Le ventre en feu…

Quelle rigolade !

L’étripe-nerfs

L’ambitieux tartempion

…Faisons ce qu’il nous dit

Fils de mauvaises augures

Mourrons, ressuscitons

Livrons bataille

Béruriers rois !

Tremblons les murs

Et dégageons

 

Hors des prisons !

HORS DES PRISONS !

Mornes cimetières

Glaires noirs

Terres délinquantes

Ah… ! Ça m’étrangle

Ça me violace

Ressortons les six-coups

Et tirons nous le portrait

Vite fait !

 

Sur qui tu pleures ?

La Mort-en-habit se moque de toi

Pas de ton fils caméléon 

 

L’ŒIL DU CYCLONE

 

Muté arbre,

Désincarné,

Transmis aux cernes

Et à la sève,

Aux lentes remontées

Le Cœur et la Fibre.

Le battement du matin

Qui ne s’éteint qu’au soir.

Au ciel d’éclairs,

Celui du soir

Qui revient le matin.

Émanant des tornades.

Œil ouvert dans la terre.

En leur sein, identiques.

Une seule respiration ;

Mais un milliard de jours.

Et comme un homme

Né de la fange et de la foudre.

Couché à terre sous les étoiles

Et bienheureux…

Ils me poussent des repousses

Et d’affamés gourmands.

 

 

 

SILENCE, ON TOURNE…!

 

Le monde s’est alourdi

D’environ cent milliards de tonnes

De petits détritus,

D’infimes poussières comiques ;

S’est chargé d’électricité.

Un neutrinos n’a pas été trouvé

Pas même une goutte de son

Et pourtant il y en a du bruit.

Le bruit des nervures indécises,

Des factures impayées.

Le froissement des plis.

Le cri des Munchs.

Des plaies à vif.

Des éboulements de tambours.

Ceux de la grande rumeur

Qui recouvre les villes

Des laborieux, des souffles encavés.

Les bruits cachés de toutes parts

Qui résonnent parfaitement.

Des bruits dans la tête…

Contre des silences

Qui ne peuvent s’entendre.

 

 

RAME NOIRE

 

Tels des lymphons de goudron noir

Repoussés dans les coins,

Glués à l’obstacle

Au fond du lit du fleuve séché.

La rame est leur fleuve.

Noire. Extrêmement noire.

Faussement soie.

Erodés à l’inverse.

Stalagmites carbonées.

 

Le deuil du fleuve, peut-être ?

Un deuil interminable…

Plus long que le bras creux des pensées.

Plus long que la mer, le ciel,

Et le lait du ciel.

Livide dans le noir.

Le funérail de tout.

 

Vos obsèques à l’affiche.

Fagots de rhizomes tout moisis ;

Sagement assis, vous êtes sous terre.

Autorisation d’exhumer !

 

 

MAGNÉTIKA

 

Intension du geste…

Le corps balance à l’envie

Et le reste suit…

En soi, les insondables,

L’eau, l’onde, la particule.

Et en leur force infinie,

Les univers de la chair

S’étirent sous ta peau,

Tressaillent, sèvent

Et inondent le monde.

Ils culminent à toute chose

Et règnent à travers toi,

Magnétika… !

Comme le temps sur toute vie.

En toi, l’arc double de la terre

Forme un centre.

À un seul de tes doigts,

Un milliard d’auréoles.

Et à ta seule venue,

Les astrales entre les murs,

Se ravisent… cherchent enfin l’équilibre…

 

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